Lyrics et Photos : NnoMan
Dans la nuit du 4 au 5 septembre 2017, un bruit court sur le bidonville de Rungis : l’évacuation serait pour le lendemain, 6h.
Ce matin là, à l’aube devant le camp, une dizaine de bénévoles attendent. Ils discutent de la rentrée des classes de la veille. Cette année, 18 enfants roms ont pu aller à l’école. Début de victoire pour les familles et les associations.
Tous ont l’espoir que la police ne viendra pas. Un espoir qui s’envole vers 7h15 quand les gyrophares viennent perturber les premières lueurs de la journée.
En quelques minutes, le bidonville se réveille, s’active. À l’extérieur, les unités de CRS se positionnent autour du camp, pendant qu’à l’intérieur, les familles chargent les véhicules et bouclent leurs valises.
Une unité des CSI-94 entre dans le bidonville en premier, ils demandent aux bénévoles de sortir, et m’obligeront aussi à quitter les lieux, en me proposant d’y aller de moi même ou de s’en occuper pour moi … « avec plaisir ».
En une heure, tous les habitant.es sont hors du camps. Toute sortie est définitive, et celles et ceux qui demandent aux CRS de retourner chercher un dernier sac, des papiers ou des affaires se voient refuser l’accès. Après trois ans de vie sur ce lieu, quelques minutes auront été autorisées pour partir, tout laisser derrière soi.
Sur un parking à proximité, les bénévoles essayent de rassembler les expulsés pour organiser la suite. Ils veulent s’assurer que toutes les familles savent où aller. Deux enfants vont, tant bien que mal, tenter de suivre leur année scolaire grâce à l’accueil d’une bénévole. Cinq familles ont pu obtenir des hébergements provisoires, loin de Rungis.
Sur place, les volontaires qui n’ont pas peur d’interpeller la sous-Préfete sur la mauvaise gestion de l’évacuation le promettent : ils ne vont rien lâcher !
Les familles reprennent la route, le temps de s’installer, un peu plus loin.
Jusqu’à une nouvelle évacuation …