Lyrics et photos Yanis Graine
Revenir à Porte de la Chapelle, à Paris, ça n’est jamais anodin. En tout cas pas pour ces jeunes hommes. La mémoire des camps de fortune, des draps sales à même le sol, du regard des passant.e.s, ce sont des choses qui ne s’oublient pas.
Un peu plus de deux mois après la dernière évacuation du camp de réfugié.e.s à Porte de la Chapelle, plusieurs centaines de personnes sont revenues, non pas pour s’y établir à nouveau, mais pour y exprimer leur colère. Entre deux rayons de soleil, des réfugié.e.s de diverses nationalités ont pris la parole pour dénoncer les mesures prises par l’Etat Français et la mairie de Paris à leur encontre. Tous ont fui des guerres, des persécutions ethniques ou politiques. Pourtant, sans aucune compassion à leur égard, ces hommes se sont faits ficher à la frontière italienne, gazer dans les rues de Paris, refouler à Calais. A l’origine de la colère, les accords de Dublin, qui réglementent de manière inhumaine la circulation et les conditions d’admission des réfugié.e.s en Europe. Mais aussi la politique d’Anne Hidalgo, en vue des JO de 2024, qui consiste à dégager l’espace parisien de la misère à laquelle sont condamné.e.s les réfugié.e.s, par tous les moyens possible.
La manifestation organisée a, symboliquement, traversé des quartiers comme celui de la Chapelle, ou celui de Jules Joffrin où elle a fini. C’est en effet à Jules Joffrin, sur le parvis de la mairie, que les réfugié.e.s et les associations qui leur viennent en aide avaient organisé une large occupation de l’espace en protestation contre l’inaction des services publiques.
Au coeur du problème, il y a également la police, que les slogans n’épargnent pas. « No Dublin no. No Police no. » ou encore « On veut des papiers, pas la police ». Car la police a son rôle, et pas des moindres, dans les conditions dans lesquelles la France accueille des réfugié.e.s.
L’auto-organisation des réfugié.e.s est un élément à prendre en considération dans les luttes qui se mènent dans nos quartiers. Mais elle n’est pour le moment qu’à son balbutiement. Il ne reste plus qu’à espérer que davantage de personnes ne rejoignent les événements de ce type à l’avenir.