Dans le cadre de la « Semaine Internationale des Droits Humains » (organisée par Amnesty International et la Fédérations des Œuvres Laïques de la Nièvre), Fumigène est présent pour poursuivre les ateliers médias avec les jeunes du Pac de Ouches. Ce projet s’inscrit dans la continuité des projets déjà menés à Nevers. Toute la semaine, un groupe composé de jeunes de Nevers et de jeunes réfugiés syriens en Allemagne réalise une série de reportages. 

Mercredi 25 Avril, le groupe s’est séparé en deux pour parcourir les rues de Nevers dans le but de recueillir des témoignages et de faire des photos. Les habitants se sont exprimés sur l’accueil des réfugié.es en France. 

 

On commence par une passante, qui elle n’est pas de Nevers. Pour elle, la France ne fait pas ce qu’elle devrait. « Les révolutionnaires de 1789 voulaient que la France soit ouverte à tous les pays qui respectent les valeurs de la France ». Elle nous explique que dans sa commune en banlieue parisienne, elle est bénévole : « dans ma ville, il y a un centre pour réfugiés et c’est nous qui leur donnons des cours de français, nous des bénévoles, il n’y a rien sinon pour les aider en français. La France a beaucoup à faire pour que ce soit correct ». 

« La France est un pays d’accueil qui essaye de maitriser l’accueil en fonction de ses possibilités » pour ce commerçant du centre ville, « c’est faire preuve de sagesse et de modération ». Pour lui, et il trouve ça bien, la France ne met pas en difficulté son côté humanitaire. Il pense que c’est une bonne chose de distinguer les migrants politiques et les migrants économiques : « ça se comprend par rapport au taux de chômage de la France ». Il aimerait, comme plusieurs personnes que nous avons rencontrées, que la France puisse aider davantage au développement des pays, pour éviter que les gens fuient leurs pays d’origine. Pour lui « pour avoir un cœur gros, il ne faut pas reposer sur un cimetière économique ». 

Marion, qui essaye de mobiliser les gens sur ce qu’il se passe sur la ZAD de Notre Dame des Landes est catégorique : « ce que les gens en pensent est faux : non les réfugiés ne sont pas là pour les allocations, ni pour nous voler l’argent auquel ils n’ont de toute façon pas droit ». Pour elle, et c’est la seule qui pose la question dans les échanges, il faut collectivement réfléchir aux raisons qui les poussent à venir. « C’est des gens qui sont en danger de mort dans leurs pays et ça … les Français l’ont oublié » conclue-t-elle. 

Pour finir, on a rencontré Patrick, qui est membre d’Amnesty International et habite Nevers. 

« Les réfugiés, je les vois tous les jours dans la Nièvre, dans la rue. Ils sont là, mais s’ils sont là c’est qu’ils sont mal accueillis. Ils devraient pouvoir avoir un logement et ne pas être là, en déshérence et dans le désespoir. Rencontrer ici un réfugié dans le désespoir alors qu’il est venu chercher l’espoir … c’est intolérable. Ce que je sais aussi, c’est que mon pays ne les accueille pas comme il devrait le faire, déjà parce qu’il ne respecte pas les conventions internationales et que depuis des mois, il y a une recrudescence des violences policières. J’ai pas honte de le dire, ils interviennent avec des bombes lacrymogènes, ils lacèrent les tentes, cassent et prennent leurs affaires. Celles et ceux qui s’élèvent contre toutes ces pratiques, on les entend peu ou pas. La réalité c’est aussi tous les gens qui se mobilisent au quotidien pour les aider … on a besoin que ce message passe. »