Lyrics Yanis Graine – Photo Yanis Graine

Beaumont-sur-Oise (95). Samedi 28 avril.

Voilà plusieurs semaines que le rendez-vous était donné.

 

Depuis le 19 juillet 2016, la petite ville du Val-d’Oise est devenu un symbole de plus dans la lutte antiraciste française. C’est là qu’Adama Traoré, jeune homme Noir qui fêtait ce jour-là ses 24 ans, est mort sous le poids de plusieurs gendarmes.

À l’époque, le quartier de Boyenval d’où venait Adama, puis toute la ville, tout le département, tous les quartiers de France avaient réagi à ce crime dont personne ne doutait qu’il relevait du racisme d’Etat.

Au quartier de Boyenval, vingt cinq jeunes hommes furent arrêtés au cours d’expéditions punitives de la gendarmerie dans les jours qui suivirent la mort d’Adama.

 

Expéditions que Youcef Brakni, militant des quartiers populaires et membre actif du « Comité Adama », assimile régulièrement aux punitions collectives infligées aux localités des colonies françaises qui avaient osé se rebeller. Parmi les jeunes arrêtés, trois frères d’Adama (Youssouf, Yacouba et Bagui) sont encore actuellement emprisonnés.

Des peines de prisons jugées « politiques » par Assa Traoré, soeur d’Adama, et figure emblématique du mouvement réclamant Justice et Vérité pour son frère. Assa était venue plusieurs fois sur Paris, jusqu’à la Commune Libre de Tolbiac, pour parler de l’événement. Une journée axée autour la boxe et de la jeunesse du quartier. Malgré les appels nombreux à converger sur Beaumont, la majorité des participant.es étaient du coin, ou des militant.es habituel.les des quartiers populaires. Somme toute, très peu de Parisien.nes.

L’ex-boxeuse professionnelle et écrivaine Aya Cissoko, accompagnée du Boxing club de Paris 20ème, a animé des ateliers d’initiation auprès des plus jeunes, mais également des adolescent.es du quartier. Spontanément, un atelier en direction des mères du quartier (et par définition en non-mixité), auxquelles se sont jointes des militantes étudiantes, s’est organisé à côté des rings gonflables. Dans un coin du square de Boyenval, un barbecue servait à financer la lutte du quartier, et de grosses enceintes inondaient de musique les ruelles alentours. Il est nécessaire d’insister sur la priorité de se rendre à Beaumont-sur-Oise. La « convergence des luttes », la « coagulation des colères », ne doivent pas exclure les populations qui sont parfois le plus en lutte. Les plus en colère. Les personnes non-blanches qui vivent dans les quartiers populaires ne sont-elles pas les premières touché.es par la sélection à l’université ? Et quid de la précarité au travail ? Des violences policières ? Rares sont, à Paris, les rassemblements à destination de la jeunesse, où des militaires en armes montrent le bout de leurs FAMAS.