Lyrics : Raphäl Yem – Photo : Maxwell Aurélien James

Après le succès des deux premières éditions, le Festival Ciné-Palestine vous donne rendez-vous du 2 au 11 juin 2017, pour sa 3ème édition, dans nos cinémas partenaires à Paris, Montreuil, Saint-Denis et Aubervilliers. Une nouvelle fois, le Festival se donne pour ambition d’être à la hauteur du dynamisme et de la qualité du cinéma palestinien, en proposant une programmation riche et intense, avec des inédits, des invité-e-s talentueux et prestigieux, des rétrospectives, comme celle dédié au grand Mohammad Bakri. 3 Questions à un des organisateurs, Samuel Le Houx.

Qu’est-ce qui vous a donné envie de monter un tel événement ?

L’idée d’un projet de festival de films palestiniens a été lancée pendant l’été 2014 par quelques militant-e-s issu-e-s du réseau de soutien à la cause palestinienne, qui ont par ailleurs une expérience et une pratique dans le milieu du cinéma et de l’événementiel.

Nous faisions alors ce constat : dans le milieu militant et associatif, de nombreuses initiatives autour de la question palestinienne se basent sur des films réalisés notamment par des Palestinien-ne-s. Et si ces films constituent en effet de bons supports aux débats et aux questions sur la solidarité internationale, ils révèlent également une qualité artistique particulière. Nous avons donc envisagé de partager ces films au-delà du cercle relativement confidentiel – mais néanmoins indispensable – du milieu associatif. Notre initiative permet de diffuser ces œuvres à un public plus large et de soutenir la production et les artistes palestinien-ne-s.

Le but était aussi d’ouvrir d’autres fenêtres de compréhension de la question palestinienne et de la situation du Proche-Orient, largement détournées dans l’espace médiatique dominant, par le biais du cinéma. Le regard artistique permet souvent de dépasser les préjugés et stéréotypes, en racontant en images des histoires de la vie quotidienne vécue par le peuple palestinien.

Par ailleurs, nous observions l’existence de festivals dédiés au cinéma palestinien dans de nombreuses villes du monde occidental, comme à Londres, Bristol, Boston, Washington, Genève, Sydney, Madrid, mais pas à Paris ! Quant aux festivals de cinéma dans le Monde arabe, et en Amérique Latine, ils dédient une grande partie de leur programmation aux films palestiniens. Nous avons donc souhaité nous inscrire dans cette vague mondiale de reconnaissance de ce cinéma.

Après quelques mois de préparation intense, la première édition du Festival Ciné-Palestine (FCP) s’est tenue en mai 2015. Une 2ème édition a ensuite eu lieu en 2016, avec une légitimité grandissante auprès du milieu artistique palestinien, mais aussi auprès de nombreux-ses cinéastes internationaux de renom, à l’image de nos parrains Ken Loach et Costa-Gavras. Dans le même temps, d’autres festivals consacrés au cinéma palestinien ont vu le jour, dans le monde et en France, comme à Toulouse, Strasbourg, ou encore dans la Région Auvergne Rhône-Alpes. 

En quoi le cinéma palestinien est différent des autres ?

C’est une entité culturelle particulière, qui mérite pleinement de faire l’objet d’initiative dédiée comme notre festival. Mais c’est surtout sa diversité et l’intensité de ses contenus qui font la particularité de ce cinéma. Du fait de l’histoire coloniale et de l’occupation, le peuple palestinien est éparpillé entre la Cisjordanie, Gaza, les camps de réfugiés en Palestine et dans les pays frontaliers, et en Israël, avec les Palestinien-ne-s dits « de 48 ». On compte aussi la diaspora palestinienne, disséminée dans le monde entier. Ces expériences différentes vécues et racontées en images par les cinéastes palestinien-ne-s induisent des contenus et modes d’expression très variés,  mais qui trouvent leur source dans le destin commun de l’occupation, autour des thématiques de l’exil, de l’occupation, des entraves aux libertés fondamentales. 

Comme l’analysent souvent des artistes palestinien-ne-s avec lesquels nous travaillons, si la nation palestinienne a de plus en plus de mal à se retrouver autour du projet d’un État Palestinien de moins en moins viable du fait de l’occupation grandissante, elle retrouve une sorte d’unité d’existence à travers son cinéma.

Ainsi, les artistes palestinien-ne-s s’appuient sur leur faiblesse, a priori, pour construire un cinéma fort et diversifié. De même, si l’indigence de l’administration palestinienne et de ses moyens en matière de politique culturelle, ne permet pas d’assurer le financement des projets artistiques, les Palestinien-ne-s puisent leurs ressources à l’international et dans des réseaux de formation et de production qu’ils-elles créent eux-elles-mêmes. Le fait de ne pas avoir de « tutelle » financière et artistique, induit par ailleurs une forme de liberté pleinement assumée.

Le dynamisme de ce cinéma est aussi marqué par la jeunesse palestinienne. Une nouvelle génération d’artistes s’est largement engouffrée dans les brèches ouvertes par des cinéastes comme Michel Khleifi, et plus récemment Elia Souleyman puis Hany Abu-Assad, qui ont marqué une rupture avec le cinéma des années 70-80, directement lié à la propagande politique de l’OLP (Organisation de Libération de la Palestine) de l’époque, en assumant des contenus différents et une liberté des formes d’expression, tout en puisant dans ces archives précieuses et ce patrimoine puissant.

Ainsi, le cinéma palestinien est traversé par de nombreux paradoxes, qui finalement forgent la qualité de ses contenus. Loin de tomber dans la production de clichés et de propos attendus, cette nouvelle génération de cinéastes, largement représentée par des femmes, fait preuve d’une grande richesse et d’une diversité remarquable, et raconte d’un point de vue artistique la vie quotidienne et l’existence du peuple palestinien dans toutes ces composantes, quand celle-ci est constamment déformée, voire niée, par les discours dominants. Pour toutes ces raisons, le cinéma palestinien, outre le fait de constituer un genre à part entière, est fondamentalement subversif. 

En quoi va consister le concours de courts-métrages ?

Depuis la première édition du Festival Ciné-Palestine, nous avons souhaité développer un concours dédié aux jeunes cinéastes, conformément à un des objectifs majeurs de notre initiative : soutenir cette nouvelle génération d’artistes qui se saisissent de la caméra. Alors que les moyens nous manquaient auparavant, la 3ème édition du FCP s’y consacre enfin, avec un concours ouvert aux cinéastes palestinien-ne-s de moins de 30 ans, qui n’ont pas encore eu accès au circuit professionnel des grands festivals internationaux.

Après un appel à films lancé en mars 2017, un groupe de programmation issu du comité du FCP a sélectionné 5 films, qui seront projetés lors d’une séance dédié le 6 juin, pendant le festival, au cinéma Les 3 Luxembourg à Paris. Les jeunes cinéastes, invité-e-s à venir présenter leur film, seront tous-tes présent-e-s, sauf deux réalisatrices de Gaza, qui n’ont malheureusement pas obtenu d’autorisation de sortie de la part de l’Etat israélien. Lors de cette séance, seront décernés un prix du public et un prix du jury, constitué de Salim Abu Jabal (réalisateur / Palestine), Emilie Dudognon (productrice / France), Mohammad Bakri (réalisateur et acteur / Palestine), Garance Clavel (actrice / France) et May Odeh (réalisatrice et productrice / Palestine), qui seront présent-e-s également.

Le FCP 2017

3ème édition du Festival Ciné-Palestine

Du 2 au 11 juin 2017

Paris – Montreuil – Saint-Denis – Aubervilliers

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