Lyrics Peggy Derder – Photos Maxwell Aurélien James – NnoMan

 

Pour le troisième dimanche consécutif, les Algérien.ne.s de la diaspora et les Français.e.s d’origine algérienne ont manifesté leur soutien au soulèvement populaire en Algérie.

 

La Place de la République, à Paris, est couverte de rouge et de vert. Ce dimanche 10 mars, comme les deux précédents, le cœur des protestations politiques françaises bat au rythme de l’Algérie. 10 000 personnes se sont rassemblées dans une ambiance festive et familiale pour clamer leur soutien au peuple algérien descendu massivement dans la rue depuis le 22 février. 48 heures avant, le vendredi 8 mars, de véritables marées humaines ont déferlé dans toutes les villes algériennes. L’heure est historique. Chacun.e le sait, chacun.e le vit les yeux rivés sur les réseaux sociaux. A défaut de manifester là-bas, il faut soutenir ici. 

Comme un miroir, les jeunes sont au premier plan. Nombre d’entre eux se sont installés sur la statue de Marianne, agitent des drapeaux, font des photos ou des lives, crient des slogans, parfois vêtus aux couleurs de leur club de foot préféré, l’USMA – club d’Alger – en tête. Les chants de supporters hostiles au pouvoir, les fumigènes rouges et verts, les échos des derboukas ambiancent la foule. 

Depuis le premier rassemblement, les pancartes se sont multipliées. Beaucoup font référence à l’histoire : « Un seul héros, le peuple » ; d’autres font dans le registre humoristique : « Biyouna Présidente », « Le peuple ne digère pas le cachir » ; la plupart sont simples et sans détour : « Système, dégage », « Non au 5ème mandat », « Pour une Algérie libre et démocratique ». 

Lina vient d’entrer dans la vingtaine et porte un carton confectionné à la maison affichant un simple 5 barré : « Je suis née ici mais ce qui se passe dans mon autre pays me touche. J’aimerais voir l’Algérie libre, la jeunesse doit être représentée par quelqu’un d’autre qu’un vieux malade en fauteuil roulant !». 

Si le soutien est indéfectible, l’inquiétude quant à la suite des événements anime les conversations. Différents scénarios politiques sont envisagés mais l’incertitude demeure. 

Justement, la venue de Rachid Nekkaz – opposant au régime algérien – sur la place de la République ce dimanche a déchaîné des sentiments contradictoires. Il est tour à tour, applaudi, ovationné, porté en triomphe jusque sur la statue, sifflé et hué par des manifestants.

 

 

Mais rien n’entame la joie et l’espoir du moment. 

Hamid, une cinquantaine d’années, les yeux baignés par l’émotion confie : « Notre génération a dû subir et fuir le terrorisme et le chaos des années 1990. Ces vingt dernières années, nous nous sommes contentés de Bouteflika dont le maintien au pouvoir était un gage de stabilité. Mais c’est le mandat de trop. Je regarde cette jeunesse ici et là-bas et je me dis qu’elle mérite tellement mieux que ce que nous avons connu. Elle se bat pour son avenir et nous devons la soutenir ». 

Le lendemain, ce lundi 11 mars, Abdelaziz Bouteflika a annoncé le report des élections présidentielles et qu’il ne briguerait pas un cinquième mandat. Cette décision surprise a suscité des réactions mitigées entre satisfaction et scepticisme. Les manifestations populaires vont se poursuivre. 

Paris – Algérie, solidarité ! To be continued…