Lyrics : Alexis Denous

Photo : Nnoman

 

Fou de boxe, Manuel Valls était allé jusqu’à faire aménager une salle à Matignon. Durant 2 ans et demi, le « socialiste » a enchainé les pugilats et K.O  à base de 49.3. Grillé au PS et rejeté par En Marche!, il mise aujourd’hui sa survie politique sur la 1re circonscription de l’Essonne, et ses adversaires le savent. Farida Amrani, candidate de la France Insoumise sur la circonscription, est bien décidée à mettre un terme à la carrière de l’ex-bras droit de François Hollande.

C’est à la gare de Corbeil-Essonnes que nous avons rendez-vous avec Farida Amrani et son suppléant Ulysse Rabaté. Avec quelques minutes de retard,  les candidats du parti de Jean-Luc Mélenchon arrivent au volant d’une twingo blanche. Direction les Tarterêts, quartier emblématique de Corbeil-Essonnes.

Le court trajet nous donne l’occasion de faire les présentations. Farida a 40 ans et habite à Évry. Agent au sein d’une collectivité territoriale, elle y est également responsable syndicale. De son côté, Ulysse a 30 ans et est conseiller municipal d’opposition. Il a fait ses armes chez les communistes et c’était lui, il y a 5 ans, qui affrontait Manuel Valls dans la circonscription en tant que candidat du Front de Gauche. « On est habitués aux luttes, ce sont des combats de longue haleine qu’on mène ici » conclut Farida. De la persévérance, c’est bien le minimum requis pour battre l’ancien Premier ministre sur le fief qu’il détient depuis 15 ans.

Nous voilà au marché des Tarterêts. Les habitants connaissent bien le binôme. L’accueil est chaleureux et les serrages de mains s’enchaînent. Mais, tout de même, pourquoi se présenter face à l’ex premier-ministre sur ses terres ?

« Il y a vraiment la possibilité de battre Manuel Valls sur le fond politique, sur un projet » répond Farida Amrani, sans pour autant cacher que la dynamique Insoumise sur la circonscription lui donne bon espoir. « Dans les villes populaires il y a cette volonté de refondre les institutions, de s’attaquer au partage des richesses. On peut parler d’un vote d’adhésion ». Et ce ne sont pas les résultats du 1er tour de l’élection présidentielle qui viendront la contredire : à Corbeil-Essonnes, Jean-Luc Mélenchon est arrivé en tête avec 31% des suffrages exprimés.

 

Ulysse Rabaté – Mai 2017 – © NnoMan

 

 

Mélenchon et son programme parlent aux quartiers populaires, c’est un fait, mais les problématiques que vivent les habitants de ces quartiers restent très peu abordées par le parti Insoumis et son leader. « Justement, les cadres sont faits pour être débordés ! » répondent Farida et Ulysse d’une même voix. La France Insoumise a, selon eux, « ouvert un espace politique inédit » qui permet à des candidatures citoyennes comme celle de Farida d’exister et d’apporter de nouvelles problématiques au niveau national. « Les violences policières, le contrôle au faciès, les fins de mois difficile… on veut en parler » enchérit cette dernière. Des sujets qui leur tiennent à cœur, car ils ont été balayés à l’arrivée de Manuel Valls.

Autre obstacle à la réussite de nos deux insoumis, la cacophonie autour des candidatures dans la circonscription : pas moins de 22 candidats, dont le polémiste Dieudonné et le chanteur Francis Lalanne. « Plus c’est le cirque et plus ça avantage Manuel Valls. Ça donne des débats caricaturaux et binaires sur lesquels il prospère. Mais ce n’est plus la même situation qu’il y a 5 ans » analyse Ulysse.

Bien qu’au plus bas au niveau national, l’ancien Premier ministre peut toujours se targuer d’avoir de solides réseaux au niveau local. C’est dans l’abstention que réside le danger pour Farida et Ulysse. Ce à quoi ils essayent de remédier en allant au contact de la population. « Le danger c’est l’abstentionLa plupart se sentent privés de 2nd tour et nous on leur dit « C’est là, votre deuxième tour ! On explique l’importance des législatives » confirme Farida.

 

 

Farida Amrani et Ulysse Rabaté – Mai 2017 – © NnoMan

 

L’heure est venue de « boîter » [déposer des tracts dans des boîtes aux lettres dans le jargon politique] pour les deux candidats, qui n’hésitent pas à s’arrêter en chemin pour discuter avec des riverains. « Il faut dire aux habitants qu’on vit comme eux, qu’on comprend leurs problématiques. On veut redonner confiance en la politique». Une tâche difficile quand on connait la ville. Rongés par le système Dassault, les habitants de Corbeil ont connu les règlements de comptes que le système à engendré. « Nous sommes aussi une candidature anticorruption, le mépris des quartiers populaires passe aussi par ces logiques de clientélisme qui nourrissent les inégalités. Ces combats sont liés » lance Ulysse, tout en tractant.

De retour sur le marché, Farida Amrani raconte avec le sourire la réaction de ses proches quand ils ont appris sa candidature. « On me disait « Mais tu as vu à qui tu t’attaques ? » à l’époque il était quand même Premier ministre ! ». À l’époque oui. Depuis, les derniers sondages donnent Farida Amrani à égalité avec Manuel Valls au 2nd tour.  De quoi redonner espoirs aux habitants de la circonscription.