Lyrics Alan Mili – Photo Yanis Graine

Son budget serré l’a poussé à réaliser certaines économies. Ce sera donc après une escale en Turquie et 13 heures de vol, que Nicolas Houegbelo, photographe et vidéaste autodidacte atterrira le 21 juillet sur la terre de ses parents, au Bénin.

La dernière fois qu’il y a mis les pieds, il n’avait que 11 ans.

Aujourd’hui âgé de 25 ans, ce jeune habitant de Cergy, dans le 95, s’apprête à réaliser un projet ambitieux, présenter d’après ses dires, ‘’La vraie Afrique de l’Ouest’’.

Mais en fait, c’est quoi ‘’la vraie Afrique de l’Ouest’’ ?

‘’C’est une Afrique vivante, joyeuse, qui se débrouille et qui rêve de s’en sortir. C’est aussi une Afrique sans cliché. C’est en tout cas ce que je vais essayer de faire ressortir dans mon projet’’ annonce-t-il.

Les clichés et le mauvais traitement médiatique le font bondir. Il avoue ressentir parfois une condescendance dans le travail de certains journalistes.

‘’La plupart des photographes quand ils vont en Afrique, je déteste leurs photos. On dirait qu’ils sont dans un zoo et qu’ils prennent des animaux en photo’’.

C’est avec une volonté de montrer autre chose, un travail sincère, que Nicolas s’envolera dans quelques jours.

Pendant sept semaines, il va sillonner le pays. Appareil photo, enregistreur audio et carnet de bord sous le bras, pour noter ses premiers ressentis. 

Son souhait est avant tout de partager une expérience. ‘’Je veux faire découvrir ma culture, promouvoir mon pays car on n’en parle pas beaucoup. J’ai envie de montrer la beauté de l’Afrique’’.

Toutefois, il nuance ses propos en affirmant que tout n’est pas rose sur le continent Africain. Et ce qui dérange, il compte aussi en parler.

Depuis quelques temps, la capitale économique Cotonou, est secouée par des manifestations. Le peuple critique ouvertement la politique du président béninois, Patrice Talon.

Nicolas l’assure, ces évènements, il compte aussi nous les raconter.

‘’Il n’y a pas que du beau en Afrique. S’il se passe quelque chose de négatif, je veux aussi le montrer. Ça permettra peut-être d’éveiller les consciences’’.

Secrètement, il espère que le Bénin devienne un jour une destination touristique. Il nous confie également ne pas comprendre comment certains jeunes, originaires du continent Africain ne s’y rendent pas plus souvent.

‘’Il y en a qui se disent, aller en Afrique, mais pour quoi faire ? Ça c’est quelque chose que je ne comprends pas. On vient de là-bas, nos parents viennent de là-bas…Ca ne t’intéresse pas de voir ton pays ? Je trouve ça fou.’’

Pour nous faire découvrir cette terre, il compte s’appuyer sur trois grands axes : l’histoire, la culture et l’économie béninoise.

Il a ainsi prévu de nous faire visiter la fondation Zinsou, dédiée à l’art africain, et nous faire découvrir le mont Sokbaro, la plus haute montagne du Bénin.

Voilà à peu près, à quoi ressemble actuellement son itinéraire. Pour le reste, le photographe improvisera.

Selon lui, les rencontres sont primordiales. 

Il prévoit de se rendre dans des villages excentrés, où il n’y a ni eau, ni électricité pour échanger avec les locaux. Façon Antoine De Maximy du 95, il ira dormir chez les habitants qu’il rencontrera au fil de son périple. ‘’Au Bénin, les maisons n’ont pas de porte. Tout le monde peut entrer’’ nous dit-il avec enthousiasme.

Pourtant, derrière sa joie, l’homme ne cache pas sa crainte. ‘’Quand j’ai lancé mon projet, j’ai eu peur. Peur que mon projet soit pourri et que tout le monde s’en foute’’(rires).

Très vite, ses doutes se sont dissipés grâce à de nombreux soutiens, dont la mairie de Cergy.

Laissant aujourd’hui place à une autre crainte : la peur de décevoir.

‘’Ça a été bien suivi donc j’ai pas mal la pression’’ avoue-t-il.

Mais tenace, le photographe n’est pas du genre à baisser les bras. ‘’Quand t’es noir et banlieusard, t’as plus de bâtons dans les roues. Tu pars de plus loin que les autres mais il faut toujours oser et essayer d’y arriver. Si tu n’oses pas, tu ne peux pas te plaindre après’’.

À son retour, Nicolas Houegbelo organisera une exposition où les visiteurs pourront admirer ses photos, ses vidéos et même certains objets d’arts béninois, dont de nombreux bijoux.

Nicolas cherche toujours à financer son voyage et a créé une cagnotte en ligne pour permettre à chacun d’apporter sa contribution.

Pour en savoir plus sur son projet et/ou, pour apporter votre soutien financier, rendez-vous sur : https://www.yourebe.com/collectes/Afriquenvrai