Lyrics : Fatiha Kabel

Dans la famille de l’humour français, je demande: le gentleman. Vous avez surement dû voir une de ses vidéos, où l’un de ses sketches. Avec son personnage sophistiqué et éloquent, Mohamed Nouar, venu à la capitale il y a 10 ans de Perpignan où il a grandi dans le quartier Saint-Jacques, accepte de se dévoiler pour Fumigène. La prose atypique, mais surtout le style.

 

La plupart des gens t’ont connu grâce à tes vidéos sur internet où tu cumules des milliers de vues, mais tu fais surtout de la scène. Depuis très longtemps ?

Les moyens de promotion sont très cher, alors nous avons pensé à faire des vidéos pour mélanger actualités et mini sketches. J’ai commencé par faire des petites vidéos pour m’amuser, et les gens ont commencé à aimer … Alors je me suis pris au jeu. Il est vrai que les gens me découvrent aujourd’hui à travers ces vidéos, ça me permet plus de visibilité, mais cela fait plus de dix ans que mes chaussures usent la scène. Parfois les gens me croisent dans la rue et me disent : « Pas mal tes vidéos ! Tu devrais faire de la scène ! » (rires)

Quelle est la différence entre faire rire dans une vidéo, et sur scène?

Ecrire un passage efficace dans le stand up prend plus de deux semaines, alors qu’une vidéo prend une demi-journée, voire trois jours max. La scène est plus complexe, tu es seul face à ton public, tu ne peux pas tricher. Lorsque le public est devant toi, il n y a pas de montage. Les vidéos c’est plus soft, car tu peux y ajouter de la musique, « accessoiriser » pour aider l’humour.

Donc ce n’est pas du tout pareil, mais je préfère la scène.

Le personnage de l’amoureux, que tu interprètes à merveille, c’est bien seulement un personnage ?

Oui, c’est un personnage … (rires) Je ne suis pas comme ça dans la vraie vie ! Je l’ai créé en m’inspirant de mes cours de théâtre. Au collège, je faisais de la comédie italienne : « La comedia del Arte». Ce personnage amoureux est resté en moi. Je parle beaucoup des relations hommes-femmes, du coup, j’observe beaucoup les couples.

 


 

Tu t’aventures dans un humour pas simple, tu n’as peur d’user toute tes cartouches ?

Non je n’ai pas peur, je ne vais pas suivre la tendance. Le trash fonctionne aujourd’hui, c’est pas pour ça que je vais le faire aussi.

Les moments les plus compliqués dans ta carrière?

Mon humour ne fait pas toujours l’unanimité … Parfois des gens ne rigolent pas, car ce n’est pas leur style d’humour. Quand j’ai commencé il y a dix ans, je me produisais devant 3, 4 personnes. Mais aujourd’hui, grâce à la médiatisation, j’ai un minimum de personnes dans la salle. Faut trouver son public, c’est ça la difficulté. Et puis aussi parfois, les gens n’ont pas le moral lorsqu’ils viennent à un spectacle …

Comment ta famille a intégré ton souhait de devenir humoriste ?

Ma famille ne savait pas trop au début que je voulais me lancer pleinement dans cet univers. C’est normal, ce n’était pas vu comme un métier. Mais ça a fini par prendre … Je ne viens pas d’une famille d’humoristes mais ils m’ont toujours soutenu dans ce que je faisais.

Il y a dans ta manière de parler un amour pour la langue française, ça en devient même poétique. Es-tu fan des grands auteurs?

 Pas forcement. J’ai lu des bouquins sur les gentlemen, sur les comportements hommes-femmes, la sociologie. La langue française est importante certes, mais je travaille aussi ma manière de me tenir, d’articuler, de me mouvoir.

Comment se faire une place parmi tous les humoristes déjà présents ? C’est quoi le petit plus que tu cultives, et qui fait la différence ?

Avec mon co-auteur Frederic Clemenceau, on a travaillé sur mon style. Je ne me dis pas qu’il faut que je me démarque. Je pense que la différence est mon regard que je porte sur les relations en général. L’axe que je prends, et l’analyse que je porte … Et puis un rebeu qui fait ressortir son côté gentleman et qui est pas trop dans l’humour clash, ça fait un contrepied, non ?

Est-ce que ton truc ce serait pas aussi un peu ton style vestimentaire, que tu travailles aussi?

C’est le noyau de mon spectacle : être gentlemen. Sur scène, je suis en costume, je soigne mon apparence. Dans la vraie vie, j’aime être élégant certes … D’ailleurs, les gens me demandent toujours où est passé mon costume lorsqu’ils me croisent. Le style vestimentaire est très important lorsqu’on incarne un spécialiste des relations, de la séduction.

Des projets de cinéma ?

Les personnes qui te disent : « Oh non pas le cinéma… » sont des mythos ! (rires) Le cinéma est une manière de satisfaire l’égo, c’est normal de vouloir en faire. Aujourd’hui j’ai un agent, et avec mon spectacle j’exploite mes vidéos. Et il est vrai que j’aimerais faire des longs métrages. Mais pour l’instant, je me focalise sur la scène. C’est dans mes projets futurs, mais y a des étapes à respecter : faut travailler pour arriver au septième art.

Pour tirer un trait sur les mecs #BalanceTonPorc, comment devient-on un gentleman en 3 étapes, selon Mohamed Nouar ?

Je ne vais pas balancer ce que je dis dans mon spectacle (rires) mais je vais vous résumer les points plus importants. 1 : La manière de s’habiller : mine de rien c’est important car on juge souvent l’apparence. 2 : Eviter la vulgarité et la méchanceté gratuite. 3 : L’humour, très très important …

« How To be A Gentleman » au Jamel Comedy Club (Paris).