« Centres sociaux, maisons de quartiers, foyers d’hébergement, … autant de lieux du vivre-ensemble mis en péril par le confinement généralisé de la population. Les professionnels qui y travaillent s’engagent aujourd’hui en faveur des personnes en situation de vulnérabilité. Formés aux pratiques de l’éducation populaire, ces animateurs socio-culturels suivent des parcours diplômant qui les sensibilisent aux thématiques sociétales actuelles.

Le GRETA M2S, organisme de formation des adultes de l’éducation nationale, a tenu à associer Fumigène à ses équipes. Sous la coordination de Yazid Sayoud, responsable de formation et militant, notre magazine participe donc depuis plusieurs mois aux parcours de ces stagiaires. 

Autour d’un projet collectif d’envergure, nous avons mené des ateliers d’éducation populaire aux médias. Objectif : Partager nos expériences et compétences avec ces futur.e.s responsables de structures pour les aider à faire face aux enjeux de l’information et accompagner les publics qu’ils côtoient. 

Tout au long de la semaine, Kader, Aminata, Estelle, Victoria, Greg, … et les autres partageront avec vous leurs récits du confinement. Un énorme big up à ces engagé.e.s de la première ligne qui consacrent leurs quotidiens aux habitants et habitantes des quartiers populaires ! »

 

 

Depuis le début du confinement, nous avons décidé d’agrandir la colocation pour accueillir une amie, que nous n’avions pas envie de laisser seule dans son petit appartement Parisien. Nous sommes donc quatre à partager notre maison perchée au 5ème étage avec ascenseur d’un bel immeuble du XIXe arrondissement de la ville . La solitude en moins, nous devons gérer une cohabitation inhabituelle qui pour l’instant, n’a pas encore fait de blessés. Nous partageons deux chambres et un très grand salon à quatre. Quatre copines qui ont gardé leurs emplois et qui ont transformé le salon en “Open Space”;  Des “conf call” toute la journée, le volume de nos voix en écho, une classe de CM1 en visio tous les jours, des exercices à comprendre, un projet à penser, des repas, du ménage à partager et chacune sa pièce pour les apéros à distance.

 L’extérieur fait peur. Les masques de protection, les flics armés jusqu’aux dents en bas de l’immeuble, les files d’attente pour aller faire ses courses et les mecs relous qui se lâchent encore plus qu’avant. Alors oui, tout ça nous est apparu très anxiogène au début mais je crois que l’on commence à s’y faire. 

 

 Nos quotidiens ont clairement été bousculés : notre espace de vie, nos sorties et nos voyages en train. Mais chaque jour, nous nous savons privilégiées. Privilégiées pour notre balcon, la lumière, la vue de nos fenêtres et le calme de nos voisins. Privilégiées car nous nous aimons, car nous ne vivons pas avec une personne violente. Privilégiées puisque ni notre santé ni celle de notre entourage n’est en danger pour l’instant. 

Je pense très fort aux personnes qui ont continué de travailler à l’extérieur, qui nous permettent de manger et de nous soigner. Je pense aussi aux personnes enfermées dans de minuscules espaces, aux personnes seules, et à celles qui dorment dehors et qui ne sont pas protégées, aux femmes battues par leurs compagnons, aux enfants violentés et à ces jeunes pour qui la rue est un refuge. 

Soyons solidaire durant cette période étrange et tâchons de le rester.

 

Par Charlie.C