Lyrics et Photos : Clémentine Bonnet et Lily Manapany

 

Lundi 18 mars, trois collectifs et associations féministes se sont donné rendez-vous au parc Monceau, à Paris. Une dizaine d’activistes de « Tou.te.s contre les violences obstétricales et gynécologiques », #NousToutes et l’association « Les Effronté-es » mettent au point les derniers préparatif pour leur action coup de poing.

 

 

Iels revêtent des blouses de médecins et brandissent des cintres et des aiguilles à tricoter maculés de sang, pour rappeler l’horreur des avortements clandestins avant 1975, date de la légalisation de l’interruption volontaire de grossesse grâce à la Loi Veil. 

Des femmes arborant des t-shirts « Mon corps, mes choix, mes droits », également maculés de sang, arborent des pancartes : « L’IVG est un droit, l’entraver est un délit ».

Leur but : pénétrer les locaux de l’Ordre des médecins pour interpeller sur l’appel à la grève de l’IVG du SYNGOF, (Syndicat national des gynécologues Obstétriciens de France). 

Cet appel à la grève est dangereux et représente une prise d’otage pour les femmes. Le délai légal étant fixé à la 12ème semaine de grossesse, certaines femmes pourraient être empêchées d’y recourir suite à cette grève, ce qui entrave un droit important et fondamental.

En 2000, le SYNGOF avait déjà appelé à la grève de l’IVG, mettant leurs menaces à exécution, plaçant ainsi plusieurs femmes en grande détresse, surtout dans des endroits où l’IVG est déjà difficile d’accès.

Pour Anaïs Leleux, militante féministe, engagée au sein du collectif #NousToutes et formatrice sur les questions de laïcité et d’égalité femmes-hommes, cette action choc était nécessaire. « La bande de militant.es que nous formons a été biberonnée à l’agit-prop. On sait que si l’on veut capter l’attention des médias, il faut proposer quelque chose de très visuel. L’idée est de mener une action symboliquement violente pour répondre à la violence du SYNGOF, à la violence que subissent quotidiennement les femmes dans ce pays. On s’est dit que l’idéal était de simuler une prise d’otages… On a juste eu à trouver du faux sang, des aiguilles à tricoter et des cintres. Ces instruments de torture auxquels la génération de nos grands-mères a dû avoir recours avant que ne soit votée la loi Veil. »

Iels ont pu échanger avec le secrétaire général du Conseil national de l’Ordre des médecins, Walter Vorhauer, pendant plusieurs minutes. « Un mensonge éhonté, formulé en toute décontraction » d’après les manifestant-e-s. En effet, pendant cette entrevue dans les locaux de l’Ordre des médecins, le secrétaire général a essayé tant bien que mal de répondre tout en défendant le Conseil et le SYNGOF face à des féministes luttant pour leurs droits et demandant une réponse immédiate aux 11 800 mails envoyés pour alerter le Conseil face à cette grève.

Iels ont déposé des plaintes dans tous les conseils départementaux concernés, une plainte au Conseil national de l’Ordre des médecins ainsi qu’une plainte contre X. D’autres actions sont prévues pour voir leurs revendications aboutir, comme une réforme législative qui permettrait de faire tomber sous le coup de la loi toute forme d’entrave à l’IVG et la suppression de la clause de conscience spécifique. Après s’être fait sortir des locaux par la police, les activistes féministes, content.es d’avoir pu mener à bien l’action, débriefent et se motivent pour la suite.

Une chose est sûre: iels ne lâcheront pas.