Lyrics Mathilde Boudon Lamraoui et Nora Hamadi – Photos : Maxwell Aurélien James (N&B) et NnoMan

 

À l’occasion de la journée internationale pour le droit des femmes, des milliers de personnes se sont réunies à Paris et dans toute la France.

À l’heure où les discours et prises de position se multiplient dans le débat public, les femmes qui prennent la parole n’en sont pas moins stigmatisées, voire humiliées. L’onde de chocs provoquée par la cérémonie des Césars est sans équivoque. Nombre de personnalités, forte de leur surface médiatique, se sont insurgées contre les discours et prise de positions d’Aïssa Maïga, Adèle Haenel, Virginie Despentes ou Florence Foresti.

Pourtant, de Roman Polanski à Harvey Weinstein, de nos collègues à nos voisins, certains hommes nous refusent la possibilité de vivre librement, selon nos préceptes. Nous devrions, à l’image de nos mères, de nos grand-mères, nous plier à des injonctions sociétales, tenir « nos » rôles, accepter l’assignation. Et dire Oui. A tout.

Toutes celles et ceux qui valident ces positions bafouent nos dignités et nos droits. Ces voix qui s’élèvent contre la libération de la parole des femmes sont meurtrières. Littéralement. Doit-on rappeler, encore et toujours, qu’être femme signifie risquer le viol, les coups, la mort ? Doit-on rappeler, encore et toujours, qu’une femme est violée toutes les 7 minutes ? Doit-on rappeler, encore et toujours, qu’une femme meurt tous les deux jours, du fait de son compagnon, ce qui fait du domicile conjugal le lieu le plus dangereux pour les femmes ?

Jusqu’où devrons-nous le rappeler ? Jusqu’où refuserez-vous de nous entendre ?

Qu’elles soient noires, arabes, musulmanes, transgenres ou pauvres, les femmes continuent de lutter pour imposer le récit de leurs douleurs. Héritière des luttes queers et anti-racistes, la marche de nuit 07 mars et celle du 8 mars n’ont jamais autant rassemblé de femmes, et d’hommes, dans les rues parisiennes. La solidarité qui s’est exprimée ce week-end est un fait d’arme. Le féminisme sera inclusif ou ne sera pas.

Malgré tout, les violences policières dont ont été victimes les participantes nous le rappellent.

Le féminisme n’est pas une option. Nos vies en dépendent.